Créée par les Almoravides, Marrakech a connu, tout au long de son histoire riche, une évolution urbanistique et démographique croissante. Se limitant à un espace de vie ceinturée par des remparts depuis sa création jusqu'au début du protectorat français, elle voit, avec l’avènement de ce dernier, la naissance d’une ville à physionomie européenne qui se développe à l’extérieur des remparts. C’est ainsi qu’est nait le quartier Guéliz qui a drainé une partie des activités qui étaient jadis exercées en intramuros (administration, commerce, services). L’élan démographique qu’a connu Marrakech pendant et juste après le protectorat a poussé les occupants peu nantis de la Médina à franchir les remparts pour s’installer à l’Est et à l’Ouest de la ville, souvent dans des logements clandestins et insalubres. Au même moment, les quartiers de l’Ouest continuent à accueillir des populations riches et de la classe moyenne. L’exode rural alimente les douars situés dans les interstices des quartiers de l’Ouest et contribue à la création d’autres dans les zones libres de l’Est.

Actuellement capital de la région 7 du Maroc (Marrakech Tensift Al Haouz) et troisième grande ville du pays, Marrakech a connu durant les 3 dernières décennies une expansion fulgurante matérialisée par une superficie urbanisable galopante qui est passée de 2000 ha en 1971 à 18100 ha en 2004. Cette croissance rapide a fait que la planification urbaine a marqué le pas sur l’urbanisation quasiment spontanée qui évolue à grande vitesse sur le terrain. En conséquent, le tissu urbain connait un étirement accentué vers le NordOuest et l’Ouest pendant que le Sud et l’Est accueillent des opérations résidentielles et touristiques de prestige.

Cet étalement incontrôlé confère au tissu urbain une texture composite et irrégulière marquée principalement par une répartition déséquilibrée de la population : 20 % des habitants se condensent dans 3 % du tissu urbain (Médina) et 7 % de ces mêmes habitants s’étalent sur plus du tiers de la superficie urbaine (35%). En plus ce tissu urbain continue à être caractérisé par une mono centralité en ce sens que la place Jemaa Lafna et l’avenue Guéliz constituent le centre névralgique et s’emparent du rôle centralisateur de l’ensemble urbain. Sur le plan administratif, la ville de Marrakech est, actuellement, composée de deux municipalités la municipalité Mechouar Al Kasba et la municipalité de Marrakech. Elle est découpée en 5 arrondissements : Annakhil ,Sidi Youssef Ben Ali, Médina, Ménara et Guéliz. Ses quartiers présentent des morphologies différentes que le Schéma Directeur d’Aménagements Urbains présente en trois catégories :

•  un tissu dense et serré caractérisé par des habitations jointives, placées en général en bordure d'îlots, le long de la voirie et constitué d’un alignement ou d’une continuité du bâti, il s’agit d’ensemble compact. Le cas de la Médina, Mechouar Kasba et Sidi Youssef Ben Ali ;
• un tissu mixte caractérisé par une configuration urbaine constituée d’un assemblage de tissus dense et lâche, le cas de Gueliz et de Ménara ;
• un tissu lâche, identifié par une disposition des habitations sans continuité particulière avec des orientations diverses sur des parcelles différentes et de taille importante, il s’agit principalement d’Annakhil où le rural l’emporte sur l’urbain. (Lire la suite …)